« Gagner sa vie en prenant soin de la planète : utopie ou réalité ? » (partie I)
Publié le
"Gagner sa vie en prenant soin de la planète : utopie ou réalité ?
(Partie I)
Clémentine, 20 ans, a rejoint en septembre dernier les bancs d’une grande université parisienne, comme des centaines de milliers de jeune chaque année en France.
Sa formation en sciences économiques et sociales s’inscrit dans la continuité des spécialités SES et Maths qu’elle a choisi en première.
Pourtant, nous confie-t’elle autour d’un café, presque en chuchotant : « je ne suis pas sûre d’aimer ce que j’étudie.
Les cours sont intéressants, mais j’ai du mal à me projeter dans un métier concret qui a du sens pour moi. »
Elle nous parle alors de son frère qui, après une prépa et une école de commerce, s’est orienté dans le bâtiment mais ne se plaît pas dans son job.
« Lui, ce qui l’anime, c’est l’écologie » nous partage-t’elle. « J’ai peur d’avoir des regrets, comme lui. »
« Mais alors, qu’est-ce que tu aimes ? »
« J’adore les animaux. J’aime être en leur présence…mais je connais peu de métiers qui gravitent autour de ce sujet…hormis vétérinaire.
J’aime la nature aussi, mais c’est très vaste. J’ai envie d’aider les gens aussi. J’ai songé à travailler dans une association, ou dans le social, mais je crains que ça ne me permette pas de vivre correctement. Et ça rassurerait plus mes parents que je fasse des études de commerce. »
Toi aussi, comme Clémentine, tu te sens tiraillé.e entre tes aspirations réelles et la pression extérieure ?
Tu as envie d’exercer un métier qui a du sens pour toi et qui contribue à la préservation du Vivant mais tu ne sais pas par où commencer ?
Selon une étude de 2021 de Pew Research, 67% de la génération Z dont tu fais partie pensent que « le climat devrait être une priorité absolue pour assurer une planète durable pour les générations futures ».
La première partie de cet article te donne des pistes d’action pour déconstruire les préjugés que tu pourrais avoir sur les métiers de l’ESS (économie sociale et solidaire).
Dans la seconde partie de l’article, disponible sur notre blog, nous te donnons des pistes pour :
1. apprendre à mieux te connaître, identifier tes aspirations et motivations réelles (ce qui te prend aux tripes et te donne envie de te lever chaque matin , tu vois le délire ?;) ), comprendre comment fonctionne ton LOGICIEL interne.
2. t’orienter vers les métiers qui contribuent à résoudre les défis sociaux et environnementaux de notre temps.
3 préjugés à déconstruire sur les métiers de la transition
1) « Les métiers de l’ESS, ça rapporte pas suffisamment »
En fait, tout va dépendre de ce que tu entends par SUFFISAMMENT.
Notre rapport à l’argent est très personnel et propre à chacun.e d’entre nous. C’est donc à toi d’évaluer le niveau de finances dont tu as besoin pour manger tout en réalisant tes projets personnels. C’est aussi une question de priorité...
Si tu réalises que le confort matériel est un enjeu prioritaire pour toi aujourd’hui, alors assume-le ! Trouve des missions qui te permettront de trouver du sens à ce que tu fais tout en ayant le salaire qui te convient.
Il y a aussi un préjugé à déconstruire : on peut tout à fait bien gagner sa vie tout en travaillant pour une structure d’utilité sociale ou environnementale.
Tout dépend du type de structure, de son ancienneté, du poste convoité…mais aussi de tes conditions de vie (un même salaire peut être plus ou moins élevé selon ton lieu de résidence, par exemple).
Enfin, il est important de bien distinguer « l’économie sociale et solidaire », une branche de l’économie qui regroupe l’ensemble des associations, coopératives, et fondations respectant certains principes comme la gouvernance démocratique ou bien le plafonnement des salaires, et les métiers de la transition, qui recouvrent finalement l’ensemble des activités oeuvrant à la préservation du Vivant et la réduction des effets du réchauffement climatique (pour simplifier).
Les métiers de la transition concernent tous les secteurs, voire toutes les entreprises qui doivent respecter les nouvelles réglementations en vigueur (notamment la loi PACTE de 2019) favorisant la considération des enjeux sociaux et environnementaux.
Tu as donc le choix…À toi de mettre le curseur au bon endroit !
2) « Je veux travailler dans l’écologie »
Comme mentionné plus haut, l’écologie n’est pas un secteur mais une façon d’appréhender son environnement, les ressources qui constituent ce dernier et les relations que l’on entretient avec le Vivant. C’est donc également une façon différente de produire, de marchander et d’utiliser nos ressources.
Les possibilités de métiers sont donc immenses : communicant, juriste, directeur des ressources humaines…Mais le terme d’environnement ou d’écologie n’est pas toujours spécifiquement mentionné dans l’intitulé du cursus et toutes les formations ne dispensent directement de cours sur le développement durable ou les enjeux de la transition. Si ces sujets t’intéressent, et que tu veux comprendre concrètement comment tu peux t’engager, le mieux est que tu te renseignes en parallèle et que tu t’engages dans des projets ou associations.
Tu peux très bien te concentrer sur un type de métier plutôt que sur des formations en développement durable qui ne vont pas spécifiquement te former sur un métier en particulier mais sur des thématiques transversales.
Alimentation, santé, éducation, transport…d’ici 2050, plus d’un million d’emplois verts devraient être créés en France.
De quoi trouver ton bonheur !
3) « Il faut être militant et super engagé pour exercer un métier qui a un impact positif sur la société »
Pas nécessairement. Lorsqu’on travaille dans une structure qui a une mission sociale ou environnementale, il est vrai que l’impact généré dépend en partie de l’efficacité et du temps que les collaborateurs investissent dans le projet en question. Cela entraîne d’ailleurs, dans certaines organisations, le syndrome du bon samaritain: des personnes tellement engagées dans leur travail qu’elles se retrouvent en situation d’épuisement professionnel (burn out).
Tout dépend des limites personnelles que tu te seras fixé, d’où l’importance d’identifier en amont les conditions de travail qui sont non négociables pour toi.
Enfin, il existe beaucoup de fantasmes autour des métiers de consultant ou responsable RSE en entreprise, considérés comme des métiers qui font bouger les lignes de l’entreprise en interne, avec une forte dimension entrepreneuriale.
Ça peut être le cas, mais le coeur d’activité de ces métiers peut consister à rédiger des rapports annuels, à suivre des indicateurs environnementaux ou à mettre en place des normes ISO.
À l’inverse, il est aussi possible d’exercer un métier dans une entreprise qui n’est pas directement en lien avec des enjeux environnementaux, mais vouloir contribuer à son échelle.
C’est notamment ce que permet l’intrapreneuriat, un phénomène de fond qui prend davantage d’ampleur chaque année.
En résumé, la transition écologique et sociétale se joue à tous les niveaux, quel que soit le secteur et les métiers, même si certains sont en première ligne dans les transformations qui s’opèrent pour vivre dans un monde durable vivable.
Ces premiers préjugés dépassés, tu as envie d’en savoir plus sur les initiatives et outils qui existent pour mettre tes talents et ton envie au service d’un projet à impact ?